Comprendre le genre et l’égalité
Sexe ≠ Genre
- Le sexe : réalité biologique (chromosomes, organes reproducteurs). On parle de mâle, femelle, intersexe.
- Le genre : construction sociale (rôles, comportements, attentes selon fille/garçon).
Pourquoi parler surtout des femmes et des hommes sur cette page ?
Parce que ce sont ces rapports binaires qui structurent encore aujourd’hui la majorité des inégalités.
Historiquement, notre société reste patriarcale : les hommes y sont globalement favorisés, au détriment des femmes. Travailler sur l’égalité femmes-hommes reste donc encore indispensable.
Le genre au-delà de la binarité
Mais le genre, ce n’est pas que deux cases ! Le genre fonctionne comme un continuum d’identités et d’expressions. Certaines personnes ne se reconnaissent pas dans "homme" ou "femme".
Pour aller plus loin
- La page Identité de genre et transidentités
- La licorne du genre, disponible dans la partie Ressources au bas de la page LGBTQIA+
- La vidéo "Identité de genre de On parle de sexe"
Des stéréotypes aux discriminations
- Stéréotype : idée toute faite ("les filles sont sensibles").
- Préjugé : croyance basée sur le stéréotype (ex. "si elle est sensible, elle ne peut pas être leader d’un groupe de garçons").
- Discrimination : action injuste (ex. ne jamais proposer à une fille d’être animatrice responsable Éclaireurs).
Et dans les sections non mixtes ?
Même si ta section est non mixte, tu es concerné·e par l’égalité de genre, car :
- Les stéréotypes et préjugés se développent même entre personnes du même genre. Exemple : dans une section de garçons, la moquerie envers celui qui “fait comme une fille” nourrit déjà le sexisme.
- Les jeunes finissent toujours par interagir avec d’autres genres. Les préparer à ces rencontres, c’est ton rôle éducatif.
- Un groupe non mixte ne doit pas devenir une « bulle » où certains propos sexistes passent "parce que les autres ne sont pas là".
En résumé : parler de respect et d’égalité est indispensable dans toutes les sections, mixtes ou non.
Conseils et bonnes pratiques
Les inégalités de genre existent partout. Tu ne vas pas changer toute la société, mais tu peux agir à ton échelle. Dans ton animation, ton staff et ton unité, voici des bonnes pratiques pour plus d’égalité.
Dans l’animation
Histoires et thèmes
Les récits et les histoires qu’on raconte nourrissent nos imaginaires et fonctionnent comme des exemples : ils montrent aux jeunes ce qui est "normal" ou "possible". Il est donc important d’inventer des histoires plurielles et inclusives où chacun·e peut s’identifier et s’imaginer vivre des aventures sans limite.
- Crée des personnages variés : pas que des héros costauds ou des princesses fragiles. Invente des filles bagarreuses, des garçons sensibles, des personnages trans, non binaires… Inspire-toi de films et séries avec des personnages LGBTQIA+.
- Évite les clichés : la belle-mère jalouse, la "vieille folle", la femme sexy uniquement là pour plaire.
- Change les scénarios : la princesse peut sauver le prince, l’aventure peut finir en amitié plutôt qu’en mariage. Cela contribue à visibiliser que les femmes et les hommes peuvent être amis sans forcément qu’il y ait une ambigüité amoureuse. Et, si tu veux absolument une histoire amoureuse dans ton thème de camp, n’oublie pas que l’hétérosexualité n’est pas la seule attirance romantique qui existe.
- Attention à la sexualisation : pas besoin d’exagérer les corps ou de faire des blagues lourdes.
Chants scouts
Certains chants scouts "traditionnels" véhiculent des clichés sexistes, voire complètement misogynes, c’est-à-dire contribuant à la haine des femmes.
Par exemple :
- Chevaliers de la table ronde : Réduit les femmes à des clichés, associe alcool + sexualisation.
- Fanchon : Chant à boire, la femme présentée comme “compagnie” pour les hommes.
Quand tu hésites sur un chant, demande-toi :
- Est-ce que ça réduit les femmes à des objets ou à leur sexualité ?
- Est-ce que ça véhicule des clichés genrés ("les filles naïves, les hommes forts") ?
- Est-ce que ça banalise des comportements de domination ou de violence ?
Si oui : autant le remplacer ou le transformer (beaucoup d’unités inventent des nouveaux couplets, parfois drôles et inclusifs, qui marchent très bien autour du feu.
Le CNCD-11.11.11 propose le Kanto Kolekto, un carnet pour chanter l’égalité des genres (version numérique disponible gratuitement).
Activités quotidiennes
C’est souvent dans les petits gestes et actions du quotidien qu’on construit (ou qu’on casse) l’égalité...
- Groupes hétérogènes : évite les "filles contre garçons". Pense aux jeunes qui ne se reconnaissent pas dans cette binarité.
- Répartis la parole :
- Encourage ceux qui parlent peu.
- Temporise ceux qui parlent trop.
- Vérifie que chacun·e a l’occasion de s’exprimer lors des décisions.
- Activités genrées : pas besoin de limiter "cuisine = filles" ou "foot = garçons".
- Laisse chacun·e choisir : pas de "tu es sûr·e ?", "tu ne préfères pas plutôt… ?".
- Pas d’excuse pratique ("pas de vestiaire", "pas de tenue").
- Non-verbal : un froncement de sourcils peut décourager autant qu’une phrase. Évite aussi l’enthousiasme exagéré ("wow génial que tu oses !") qui renforce l’idée que c’est "exceptionnel".
- Exprimer ses émotions : montrer qu’un garçon peut pleurer et qu’une fille peut jurer, sans que ça choque.
- Image du staff : si ce sont toujours les mêmes qui parlent en rassemblement (souvent les mecs), ça donne un mauvais exemple.
Autour de l’animation : une organisation égalitaire ?
Autour de l’animation, il y a tout le temps passé à organiser cette animation mais aussi les moments collectifs avec le staff ou l’unité (TU, CU, réunion de staff, fête d’unité, etc.). Ce sont également des moments où l’égalité de genre se joue et où il faut rester vigilant.
En réunion
- Les hommes, souvent habitués à parler plus, risquent de monopoliser la parole.
- Mets en place un animateur ou une animatrice de réunion qui veille à distribuer la parole.
- Encourage chacun·e à prendre conscience de la place qu’il ou elle prend.
La répartition des tâches
- Qui prend les notes de la réunion ?
- Qui s’occupe d’aller chercher le gouter ?
- Qui gère l’infirmerie ?
- Qui console des louveteaux et des louvettes qui ont des gros chagrins ?
- Qui est désigné pour prendre la parole en CU ou lors des rassemblements ?
- …
Vérifie que ce ne soient pas toujours les mêmes (souvent les femmes pour les tâches invisibles, les hommes pour la parole publique)...
Violences sexistes
Chaque propos, blague ou geste qui rabaisse quelqu’un en fonction de son genre est une forme de violence. Ces violences vont de remarques apparemment “banales” jusqu’aux agressions physiques ou sexuelles.
La pyramide des violences
Les violences s’empilent comme une pyramide :
- À la base : les "petits" propos sexistes ou blagues.
- Au milieu : humiliations, insultes, comportements de domination.
- Au sommet : agressions physiques ou sexuelles.
Sans la base, le sommet n’existe pas. Laisser passer les "petits trucs" contribue à créer un climat où les violences graves sont possibles.
Exemples :
- Un chant qui sexualise les femmes ;
- une blague sur "les filles qui ne savent pas faire des constructions" ;
- un animateur qui coupe systématiquement la parole aux animatrices.
Comment réagir ?
- Stopper ou questionner : "Tu veux dire quoi par là ?".
- Expliquer calmement pourquoi c’est problématique.
- Protéger la personne visée (demander si ça va, lui donner la parole).
- Si nécessaire en parler en staff, avec l’équipe d’unité ou contacter la fédération pour obtenir de l’aide.
Témoin ou victime de violences sexistes ?
- Parles-en à l’équipe d’unité.
- Signale-le directement à la fédération : formulaire ou 02.508.12.00.
Zoom : les blagues sexistes
Les blagues sexistes sont souvent minimisées ("c’est pour rire"). Pourtant, elles constituent bien des violences verbales qui blessent et entretiennent les inégalités. Non, l’humour ne peut pas tout justifier.
Comment réagir ?
- Ne pas rire, sinon tu cautionnes.
- Questionner : "Qu’est-ce qui est drôle là-dedans ?".
- Ajuster ta réaction selon le contexte : remarque sur le moment, discussion avec le staff, ou sanction si c’est répété.
- Soutenir la personne visée : vérifie comment elle se sent et interroge-la sur ce dont elle a besoin.
Zoom : les insultes sexistes
Ce sont des insultes qui utilisent le féminin ou la sexualité des femmes comme base pour rabaisser. Elles transmettent l’idée que "femme = inférieur".
Exemples fréquents : "chochotte", "fils de pute", "conne", "pouffiasse", "salope", etc.
Comment réagir ?
- Ne pas banaliser : une insulte sexiste, c’est une violence.
- Questionner : "Tu sais ce que ça veut dire ? Pourquoi tu utilises ce mot ?"
- Utilise le compte "C’est quoi cette insulte ?" comme ressource pédagogique. Ce compte décrypte l’origine et le sens caché de ces mots.
Zoom : les discours masculinistes
Ce sont des discours qui prétendent que les hommes seraient aujourd’hui les "vraies victimes", que l’égalité est allée "trop loin". Ces idées rejettent le féminisme, valorisent la domination masculine et circulent énormément sur TikTok, YouTube, Twitch, etc.
C’est dangereux car :
- Ça banalise les inégalités réelles.
- Ça alimente un climat de défiance et parfois de haine envers les femmes.
Ces idées rencontrent malheureusement un succès grandissant chez les jeunes hommes et sont notamment largement véhiculées par les réseaux sociaux où nous avons très peu de prise pour agir en tant que Mouvement.
Récemment, les masculinismes ont été très visibles dans les médias. Par exemple via la série TV anglaise "Adolescence".
En tant qu’animateur ou animatrice scout·e, tu peux contribuer à donner un autre modèle : un cadre où l’égalité et le respect sont la norme.
Exemple :
Un scout ou animateur qui dit :
- "Les filles ont déjà tous les droits, c’est nous les gars qui sommes discriminés."
- "Les féministes exagèrent, elles veulent juste rabaisser les hommes."
Comment réagir ?
- Ne pas tourner ça en débat d’opinion ("chacun son avis"). Ce n’est pas un avis, c’est une idéologie qui nie des faits.
- Rappeler les valeurs scoutes : respect, égalité.
- Proposer des animations ou discussions encadrées pour déconstruire ces idées.
Ressources et outils
Outils Les Scouts
Outils d’autres associations
- Girls day Boys day : "déconstruire les stéréotypes de genre" : des activités pour expérimenter
- Une question de genre ?! Concepts et pistes d’animation, Province de Liège et Centre de planning familial Infor-Femmes Liège (2024)
- Mixicamp des Éclaireuses et Éclaireurs de France, qui propose des pistes de réflexion intéressantes pour définir le cadre de vie (en camp, notamment). Ainsi que des animations sur la mixité / coéducation / égalité des genres à faire avec les scout·es.
- Mix’Outils de Céméa
- Carrés Genre du Monde selon les femmes pour déconstruire les stéréotypes de genre (téléchargeables gratuitement) sur leur site.
- Les petits dépliants d’autodéfense antisexiste réalisés par Maman rodarde peuvent aussi servir à lancer une réflexion avec les scout·es autour des stéréotypes de genre.
Le kit Alter-Egaux sur l’égalité de genres des Éclaireuses et Éclaireurs de France : il contient notamment des fiches d’activités par tranches d’âges sur les questions d’égalité de genre. - Le kit d’action He for She de l’OMMS (anglais).
Socialisation genrée
Dès l’enfance, on nous apprend à "être une fille" ou "être un garçon". Résultat :
Ces tendances ne sont pas des réalités pour tout le monde, mais elles sont largement observées… et elles se reproduisent dans nos sections.
Pose-toi ces questions dans ta section ou ton unité :
Si ce sont toujours les mêmes profils : attention, inégalités en vue.